Il y a cheval de trait et cheval de trait… Portraits tracés… à grands traits
Avant que les engins mécaniques envahissent fermes et champs, le cheval de trait régnait en seigneur dans les campagnes. On pouvait distinguer deux types d ‘animal : le «trait lourd » et le « trait léger ».
Certaines races – le breton, le boulonnais – possédaient les deux rameaux, telle la race boulonnaise, dans laquelle on trouvait le boulonnais agricole (laboureur, moissonneur et tracteur de lourds chanois de betteraves) et le boulonnais mareyeur, qui convoyait le poisson, en un peu plus d’une nuit, de Boulogne à Paris (1). Les races de trait lourd trouvent leurs racines en Europe.
En France, le boulonnais, dont le berceau de race se situe dans le nord-ouest du Pas-de-Calais, a connu dans son histoire plusieurs introductions de sang arabe, ce qui explique sa noblesse et la finesse de ses tissus (2). Le percheron, dont le berceau se compose de cinquante cantons dans la région de Mortagne et de Nogent-le-Rotrou, a connu une grande extension puisque, aux Etats-Unis, la « Percheron Society of America » émettait un journal (3).
Le Breton, dont le nom révèle l’origine, est un cheval rustique caractérisé par son œil de vipère d’une grande vivacité (4). L’Ardennais, cheval de l’est de la France, a essaimé en Belgique et en Hollande. C’est un cheval de trait lent. On peut également rencontrer le trait du Nord et l’auxois, leur illustration philatélique est très rare.
En Belgique, on verra surtout le brabant (5) et l’ardennais belge, qui ressemble comme un frère à son homonyme français (6).
En Grande-Bretagne, le clydesdale, caractérisé par ses grandes balzanes, était le cheval agricole par excellence, en outre très utilisé en Ecosse pour le transport du charbon (7). Le sbire horse, un des plus grands chevaux au monde, puisqu’il peut atteindre 1,80 mètre, possède une force étonnante qui lui permet de tracter des charges de 5 tonnes (8).
Un animal bâti en puissance
En Allemagne, le schleswig est un cheval robuste le plus souvent de robe alezan crins lavés (9). Le rhénanien, développé au XIXe siècle par des croisements, est bâti en puissance.
En Russie, une race actuellement fixée, le vladimir, issu également de croisements, ressemble beaucoup au sbire anglais (10). On trouvait ces chevaux à toutes les étapes des travaux des champs. Le harnachement de base était le collier, outil idéal pour transmettre à quelque matériel que ce soit la puissante force de traction (11).
Des labours à la récolte, ils assistaient l’homme dans tous ses travaux, tels le roulage (12), les semailles (13), la moisson (14).
Parfois même, d’autres travaux, telle transport des grumes, trouvait en eux un auxiliaire indispensable (15). Si bien que l’on assistait à des scènes étonnantes, comme cet agriculteur du marais poitevin emmenant son cheval, déjà harnaché pour le travail, sur sa barge (16).
Paru dans Le Monde des Philatélistes n° 524 – Décembre 1997